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Libres ... mais fauchés

Être indépendant, créatif, proche de ses lecteurs, débarrassé des pressions des annonceurs... Un rêve qui rime souvent avec difficultés financières. Et à l'heure où les médias nationaux licencient voire ferment boutique, tenter l'expérience à l'échelle locale demande une bonne dose d'optimisme. Car même à une toute petite échelle, les problématiques économiques demeurent les mêmes ...


 

Philippe Pujol, journaliste à La Marseillaise pendant une quinzaine d'années, a vu naître et mourir des dizaines de jeunes médias dans la cité phocéenne. Leur plus grande faiblesse est, selon lui, leur fragilité économique. Il est impossible à ses yeux de pratiquer le métier de journaliste sereinement quand on n'est pas sûr de recevoir sa paye à la fin du mois …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

Pour durer, c'est aussi de nouveau modèles économique que doivent inventer les jeunes médias. Marsactu, le pure player lancé en 2010, est aux prises avec le dilemme que partagent tous les sites web d'information : comment générer de l'argent avec des contenus en ligne ?

 

La publicité reste le meilleur moyen, notamment via le sponsoring de contenus vidéo. Le talk économie publié sur le site est, par exemple, accompagné du logo d'une banque partenaire.

 

Malgré sa recherche permanente de nouveaux financements, le pure player continue de perdre de l'argent. Site généraliste directement en concurrence avec les sites des titres de la PQR, Marsactu veut durer. Comme l'explique le journaliste Benoît Gilles, l'équation est délicate : il s'agit de garder son indépendance tout en étant viable financièrement.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

En parallèle du marché de la publicité en berne, les médias associatifs, comme Radio Grenouille notamment, doivent faire face à la baisse des aides publiques. Pour la station, celles-ci représentent 50% de ses financements.

 

Où trouver les 50% restant quand on est une station musicale et culturelle qui refuse de diffuser des messages publicitaires ? En se faisant prestataire de service. À travers une cinquantaine de partenariats annuels, Radio Grenouille propose ses services aux collectivités locales et aux acteurs des mondes du social et de la culture. L'équipe de la radio réalise des émissions en public, des reportages, des ateliers ou des créations sur mesures. La station monnaye donc son savoir-faire et son rayonnement. Elle fait bien la promotion de ses partenaires, mais elle en garde le contrôle total sur ce qu'elle diffuse.

 

Pour Jérôme Matéo, un des piliers de l'équipe, «il n'y a pas de modèle économique pour un projet comme le nôtre, dans les faits nous y arrivons, même si c'est fragile, et peu rémunérateur ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Tous les acteurs de ces médias l'admettent : le modèle idéal n'existe pas. Mais ils continuent de le chercher et pointent du doigt les obstacles placés en travers de leur chemin. Pour Pierre Boucaud, le fondateur et administrateur de Marsactu, le plus grand facteur d'inégalités entre les nouveaux médias et les titres de la presse régionale traditionnelle est la publicité institutionnelle. Les collectivités locales distribue généreusement leur annonces et bandeaux promotionnels aux deux titres historiques de la région. « Marsactu ne touche pas un sou des collectivités locales. C'est leur choix pas le nôtre. Elles préfèrent arroser la presse de M.Tapie. Je rappelle au passage que c'est de l'argent public, ce devrait être ou pour tout le monde, ou pour personne.» peste Pierre Boucaud.

 

« Nous ne sommes pas taillés pour la pub.» reconnaît de son côté Michel Gairaud du Ravi. Le ton satirique et les enquêtes du mensuel ont en effet de quoi effrayer les potentiels annonceurs de la région. 

 

Alors quel modèle pour un presse locale vraiment libre et viable ? Le Ravi est parvenu à récolter 30 000 euros de dons en sollicitant ses lecteurs. Mais il n'espère pas pouvoir élargir sa base de soutiens financier à court terme. Plus le périmètre de diffusion est petit, moins il y a de bonnes âmes à convaincre... 

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